jeudi 23 décembre 2010

Joyeux Noël

Paraît que cette année encore, les cadeaux seront modestes. Pourvu que le Père Noël, lui aussi touché par la crise, n'ait pas été tenté de bouffer son renne ! Parce qu'à pied, il serait pas rendu...
Et si l'on se souvenait que Noël, c'est d'abord la naissance de Jésus ? Tout frigorifié dans sa crèche, ses petits petons griffés par la paille ?

Joyeux Noël gourmand ! Et surtout, n'abusez pas du foie gras.

Votre festive Mme Torchon-à-la-main,
qui a tout nettoyé, de la cave au grenier, sans oublier de bourrer son congélo !
On est tous les mêmes...


La pensée du jour :

Faites-vous offrir foie gras, chapon et chocolat, plutôt que le cadeau pourri qui contribuera à engorger le site d'e-bay. De nos jours, c'est bien connu, les gens n'ont plus de vergogne.

dimanche 5 décembre 2010

Dialogue avec Napoléon, suite

Le temps ne s'arrange pas. Chez vous non plus ? Mais comme le dit si justement mon cher mari : autant qu'il pleuve pendant qu'il fait mauvais temps !
Cette phrase vous agace, rassurez-vous, moi aussi !
Pour me faire pardonner, je vous offre ce que vous attendez toutes et tous avec impatience. La fin du deuxième chapitre de Napoléon... Et ne me remerciez pas par un aimable commentaire, c'est normal !

Votre Croquette, qui ne désespère pas de vous lire un jour. Promis, juré, je vous répondrai. Foi de Napoléon !

vingt-deuxième extrait :

Malgré de louables tentatives, Mlle Poirier n’était toujours pas fascinée par le rugby. Fans survoltés en tenues de supporters ridicules ou groupies inspirées, davantage surexcitées par des dieux du stade à poil sur calendrier qu’au boulot sur la pelouse, la laissaient encore de glace. Le « XV » allait offrir une éblouissante demi-finale à la France ? Grand bien lui fasse ! Ce soir, elle était triste.
Après l’inspecteur Morse, décédé il y avait quatre ou cinq ans devant ses yeux d’un cancer dont elle avait suivi l’avancée fulgurante, elle venait de perdre ce si gentil policier autrichien. Maître de Rex.
Elle se souvenait avec émotion de la gloutonnerie du superbe berger allemand. Avalant tout rond le hamburger qu’elle avait eu le plaisir de lui offrir, au terme d’une enquête particulièrement délicate.
Dieu préserve Barnaby, Maigret, Navarro et tous leurs confrères.
Elle détestait voir mourir ses héros. Même si elle admettait qu’ils veuillent changer de registre. Sauf l’inspecteur Morse, malheureusement disparu pour de vrai. Hommage lui soit rendu.

Ce soir, ses exercices faciaux seraient nostalgiques et la ration de Napoléon diminuée. A moins qu’il ne lui énumère les noms des rugbymen français. Qu’elle répéterait. A défaut des stimulations cérébrales du Dr. Kawashima, qui ne lui étaient pas encore parvenues.

samedi 4 décembre 2010

Dialogue avec Napoléon, suite

L'hiver vous pèse ? Vous vous ennuyez et vous n'avez pas les moyens de vous offrir une petite virée au soleil et à la montage ? Embarquez avec Napoléon ! Et si cela vous déçoit, au moins, cela ne vous aura pas coûté un rond !!!

Amitiés livresques et frisquettes,

Votre attentionnée Croquette

vingt et unième extrait :

Mlle Poirier repoussait brutalement la table. Deux plis profonds lui barraient le front. Elle couvait évidemment quelque chose, pour que le chagrin de sa vie remonte à la surface.
Jamais. Au grand jamais, broyer la merde ! A quoi bon ? Elle était trop vieille maintenant. A chacune ses regrets ! Suzy ne se plaignait-elle pas amèrement de frustrations matrimoniales rentrées ?
- Napoléon, tu en as encore après tes croquettes ? Grouille-toi. On est attendus chez Elisabeth Brochène, substitut du procureur. On y arrive en avance et en habits du dimanche ! Viens, que je te brosse.
Penses-tu que j’obtiendrai une invitation au prétoire ? Les grandes envolées de manche me fascinent.
- …
- A condition de ne pas lui signaler que je préférais Marie ? Pas possible commme ses démêlés avec son voisin peuvent me manquer. Difficile de s’habituer au changement.
Sais-tu que celle qui l’a remplacée a également perdu son mec ? Un flic. Abattu par un truand. Si je ne comprenais sa rage de vengeance, qui la comprendrait ?
Au revoir, Mme le procureur Brochène. Napoléon et moi avons été très honorés de votre invitation. Votre plaidoirie était magnifique.
Voudriez-vous transmettre nos salutations à votre nouvelle recrue ? Nous la trouvons exceptionnellement efficace. Et à Marie, bien entendu, si vous la rencontriez. Dommage de briser une telle amitié.

vendredi 3 décembre 2010

Dialogue avec Napoléon, suite

Entre deux marchés de Noël, achat de pain d'épice et de foie gras, vous prendrez bien une petite portion de Napoléon ? Garantie sans danger pour la ligne...

Salutations gourmandes,
Votre Croquette

vingtième extrait :

Qu’il avait été dangereusement beau, ce garçon baratineur à la gouaille typiquement parisienne, que toutes les étudiantes s’arrachaient. Dans son studio ce samedi soir, il lui avait retiré ses lunettes pour la serrer plus fort contre lui. S’était reculé, soufflé par l’inattendue magnificence de ses prunelles mises à nu. Y avait appuyé sa bouche. L’avait dépouillée, dans la foulée, du reste. De tout le reste. Irréprochable et non troué. Merci maman !
Lui avait affirmé ensuite qu’elle était sa belle statue grecque. Son Athéna aux yeux pairs. Lisse et douce. Parfaitement proportionnée.
Le premier. Le premier et le dernier auquel elle ait tenu passionnément. Le premier et le dernier en qui elle aurait foi.
Le seul à l’avoir fait grimper aux rideaux, criant sa jouissance…
Lorsqu’elle souffrait, la digne demoiselle, dans un réflexe d’autodéfense, choisissait la crue attitude. Quand rien ne va plus, c’est fou ce qu’une expression particulièrement grossière soulage !

Six mois. Huit mois. Peut-être dix. Un énorme pavé, bien avant mai 68, tombait dans la mare heureuse d’une fille qui avait tout chassé de Moche Poirier. Faisait la fête. Etudiait un peu. Courait les expos de peinture sans modération. Aimait à la folie. Dans la vaste mouvance surréaliste et libératrice des Sartre, Simone de Beauvoir ou Colette. Pour ne citer qu’eux.
Un lourd et douloureux pavé. Un après-midi de joie, au musée du Louvre. Devant la Pierre de Rosette, prélude à leur voyage en Egypte. Qu’ils contemplaient, déjà ailleurs et mains nouées.
- Salut, Moche ! C’est bien toi ? Que fais-tu là ? Tu ne nous présentes pas ?
Le traître avait rougi de honte. Lâché sa main. Sourit béatement à celle que Moche aurait tuée d’un coup de Pierre Rosette, si elle avait eu assez de force pour s’en emparer et la fracasser sur son crâne…
Elle s’était enfuie en courant. Fait ses valises. Engouffrée dans le premier train en partance pour Moche. Sans prendre le temps de pleurer.
Moche n’appartenait pas à Paris. Moche détestait les Beaux-Arts ! Dans ces conditions, devenir secrétaire n’avait pas vraiment d’importance.
Elle n’avait plus esquissé le moindre croquis. N’était jamais revenue sur ses pas. Avait fini par oublier d’avoir mal. Fini par échouer, cruelle ironie du destin, dans un paysage juste créé pour être dessiné.
Pour presque croire, avec les années, que sa courte romance était arrivée à une autre. Qu’elle l’avait certainement piochée dans une collection Harlequin. Bouquin à l'eau de rose pour esseulées.

mercredi 1 décembre 2010

Dialogue avec Napoléon, suite

Au cas où renouer avec Napoléon vous aurait fait oublier le vilain temps, je m'en voudrais de vous priver de ce plaisir aujourd'hui !
N'oubliez pas votre plaid...

Votre Croquette, qui rentre trempée d'une balade sous la pluie

dix-neuvième extrait :

Je l’accompagnerais volontiers à Paris pour aller saluer Sœur Thérèse. Paris ! L’unique endroit où j’aie eu un cœur qui me battait dans la poitrine. Fier et conquérant.
Mais que signifie ce coup de griffe ? Te rebellerais-tu ?
- …
- Tu appréhendes la suite de mes souvenirs ? Rassure-toi, vilain chat ! Pourquoi te raconterais-je Paris ? Tu te fiches pas mal d’apprendre que j’avais obtenu une bourse pour y poursuivre des études sur les Beaux-Arts. Pas mal aussi de savoir, que là-bas, je me nommais enfin Claire. Rien que Claire.
- Mmm…
-Tu as changé d’avis ? A condition que je fasse court ?
Trop tard, petit impertinent. Les gens heureux n’ont pas d’histoire et ne se régale-t-on pas du malheur d’autrui ? Ce que tu ne mérites pas, après tes insolences. Si tu veux du croustillant, prends le journal. A chaque fois qu’une vedette s’est défoncée ou pris une beigne, les flash crépitent. Et laisse-moi. C’est l’heure des nouvelles.
Je désire rechercher Bernard Kouchner, pour l’interpeller au sujet de la Birmanie. Si tu souhaites connaître Paris, attrape ce bouquin. Te serais-tu assis sur mes mouchoirs ?
Après avoir récupéré son paquet de Kleenex sous le postérieur dodu de l’animal qui en grondait d’irritation, Mlle Poirier se mouchait bruyamment. S’emparait de la télécommande.
Repérer de toute urgence Kouchner. Le docteur humaniste, créateur de médecins sans frontières.
En avait-il fait du chemin, celui-là, jusqu’au gouvernement. Depuis la fameuse époque des sacs de riz sur l’épaule, dont l’image avait fait le tour du pays. Chapeau ! Si l’univers comptait plus d’individus de son envergure, le monde en perdrait moins la boussole.
Nouveau coup de mouchoir rageur. Parler à Bernard Kouchner était plus vital que larmoyer inutilement avec Napoléon sur un vieil amour défunt.